Il est monté à la station Strasbourg-St Denis. Je l'ai détesté immédiatement. Il était là, avec ses sacs, des tas de vieux sacs plastiques, très probablement remplis d'autres vieux sacs plastiques. Il n'en avait rien à faire que la rame soit bondée, ça non, rien à faire, je l'ai vu tout de suite. Son crâne dégarni me révulsait. Son pantalon de velours côtelé d'un autre temps m'aurait presque fait pitié s'il ne l'avait pas assorti d'une paire de chaussures de course. Des chaussures de course !
Il a fallu qu'il descende au même arrêt, il a
fallu qu'il soit devant moi, lourd et lent. Ces couloirs sont trop petits, trop
étroits, je ne peux ni passer à gauche, ni passer à droite, je m'impatiente,
soupire exagérément ; va-t-il comprendre et me laisser passer ? Non !
Evidemment, non ! C'est alors que d'un geste rapide je tendis mes mains devant moi, vers ses épaules tombantes, et donnai une légère - mais
suffisante – impulsion. Il chût comme il avait vécu, lourdement, lentement, et avec
une laideur répugnante. Je vis sa tête rebondir sur les marches de l'escalier, ses sacs débouler bruyamment, mais ne m'y attardai pas : j'allais pouvoir être à l'heure à mon rendez-vous.
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