Les additions contradictoires


Je t'écris depuis mon canapé que j'arrive à replier depuis deux jours. Fête. Une semaine dans la peau d'un impotent et on revoit complètement son système de valeurs. 

Faire la vaisselle est une montagne que l'on gravit à petits coups d'éponge réguliers, prendre une douche un exploit que l'on apprécie brûlant, dormir, un marathon. C'est que le sommeil et moi, on s'entend pas trop bien. Je ne sais pas exactement ce que j'ai fait pour lui déplaire autant, et pour qu'il ne daigne m'accorder sa grâce salvatrice que quelques heures par nuit. Donc me voilà chez moi depuis une semaine, immobile et faible, très heureuse et très malheureuse à la fois, comme souvent. Parce que comme l'a dit quelqu'un, un jour, nous sommes la somme de nos paradoxes. 
Je suis une addition contradictoire.

Méga craquage chez le médecin, on pense souvent qu'on maîtrise les choses, mais quand on te demande comment ça va sinon, tous les jours ? et que t'es toute seule dans une pièce avec une médecin qui a de très jolies lunettes, tu peux pas trop utiliser tes petites stratégies d'évitement habituelles. Il y a eu des mots qui font peur, de ceux qu'on n'aime pas entendre et qu'on préfère ignorer. Alors je les répète un peu tous les jours, ces mots, histoire qu'ils deviennent moins gros et un peu moins terrifiants. Je les met devant le miroir et je les observe s'y refléter curieusement. Je les murmure, je les pense et je les crie. C'est donc parti pour quelques mois difficiles, il y a une pente à remonter et peut-être bien qu'elle est pas si pentue que ça.

Je voulais pas trop te dire tout ça, mais il paraît qu'il faut pas que je garde les choses pour moi, alors voilà, ça, c'est moi qui garde pas trop les choses pour moi.

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